Article issu du site letelegramme.fr - Publié le 21/09/15

Bastien Jurado (ici avec Julien Le Quay) est le premier Français à bénéficier de cette prothèse dernière génération, qui reproduit presque à l'identique les mouvement du pied et de la cheville.

Vannes. Une prothèse révolutionnaire


Amputé du pied et du tibia en 2011, Bastien Jurado a été équipé cette semaine d'une prothèse américaine ultraperformante, qui reproduit presqu'à l'identique le déroulé du pied. Une première nationale qui s'est déroulée à Vannes.

Le jeune homme, 21 ans, est perpignanais. Si c'est à un cabinet orthoprothésiste vannetais que Bastien Jurado s'est adressé, c'est après avoir essuyé des refus unanimes auprès des professionnels de sa région et par-delà. « Nous avions contacté une cinquantaine d'entreprises. Aucune n'avait accepté de se lancer dans l'aventure ». Pas Le Quay orthopédie qui avait déjà commencé à s'intéresser à la technologie BiOM, inventée par Hugh Herr, directeur du MIT Media Lab au Massachusetts Institute of Technology (MIT), lui-même amputé des deux membres inférieurs après un accident d'alpinisme. Concernant Bastien Jurado, c'est un accident de la route qui a bouleversé sa vie. Il a 16 ans quand une femme âgée lui coupe la route alors qu'il circule au guidon d'une petite cylindrée. « Ma jambe a été broyée : mon fémur brisé en trois, mon tibia en quatre, le pied complètement abîmé. Au bout de deux jours, la gangrène est apparue, il a fallu m'amputer ». Son rêve de devenir joueur semi-pro de rugby s'envole, l'adolescent est hospitalisé pendant plus d'un an et commence à être équipé d'une première prothèse.


Les soldats américains d'abord

Elle n'a plus rien à voir avec celle dont il vient de prendre possession. Dotée d'un piston, d'un moteur, de microprocesseurs, d'une douzaine de capteurs environnementaux, d'une batterie grande capacité, la prothèse Biom offre de nouvelles perspectives aux personnes amputées. « L'idée, quand il se sera habitué, est de se sentir comme avec une jambe normale. De marcher comme il le faisait avant son accident », explique Georges Le Quay, orthoprothésiste. Cette fluidité retrouvée aura des bénéfices collatéraux sur le reste du corps, soumis à des contraintes par les postures non naturelles auxquelles obligent, dans certaines circonstances, les prothèses classiques. Arrivée sur le marché en 2011, la prothèse biomimétique n'a, dans un premier temps, bénéficié qu'à des militaires américains et canadiens blessés en Irak. Pour l'obtenir, le jeune homme, son père et Julien Le Quay sont allés en Angleterre, alors le seul pays en Europe à être doté d'une licence (elle vient tout juste de commencer à être distribuée en France, par la société Endolite).


Un procédé cher et non remboursé

Mais il ne faut pas imaginer que le plus grand nombre aura accès à cette technologie, car son coût n'est pas à portée de toutes les bourses : compter environ 100.000 € pour le pied et son adaptation, sans aucune prise en charge, pour l'instant, par la Sécurité sociale. Dans le cas de Bastien Jurado, c'est l'assureur de la partie adverse qui prendra à son compte la facture.


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