Article issu du site IT - Publié le 07/03/14

 

Une prothèse offre un troisième bras à un batteur

 

Les prothèses robotisées cherchent à redonner toujours plus de confort de vie aux amputés, en leur offrant des capacités aussi proches que possible de celles qu'ils ont perdues. Mais Gil Weinberg, specialisé dans la technologie associée à la musique, voit plus loin. Il a créé une prothèse pour un musicien qui par certains aspects surpasse ce qu'il pouvait faire auparavant.

Le professeur Weinberg, fondateur et directeur du Georgia Tech Center for Music Technology, avait déjà créé des robots percussionnistes capables de jouer dans un groupe avec des humains. Il vient d'aller plus loin en développant une prothèse robotique qui peut être attachée à un amputé, intégrant sa technologie directement à un être humain.

Cette prothèse robotisée est équipée de moteurs qui font fonctionner deux baguettes indépendamment. La première est contrôlée à la fois physiquement par le musicien et électroniquement par l'utilisation de capteurs électromyographiques (qui détectent les courants électriques générés par son activité musculaire). La deuxième baguette "écoute" la musique qui est jouée et improvise en relation avec elle.

 

Retrouver sa deuxième main...

La prothèse a été créée pour Jason Barnes, un batteur qui a perdu son avant-bras droit il y a deux ans suite à une électrocution. Cet étudiant de l'Institut de la Musique d'Atlanta s'était construit sa propre prothèse peu après l'accident, mais elle n'était pas satisfaisante. Impossible pour lui de jouer correctement sans doigts ni poignet, ne pouvant influer sur sa vitesse ou sur le rebond de la baguette. Gil Weinberg est alors intervenu pour lui créer une prothèse – au départ avec une seule baguette – équipée de capteurs qui répondent à son biceps.

Il peut désormais contrôler sa baguette en fléchissant son muscle, ce qui envoie des signaux interprétés et répercutés par la prothèse et lui permettant de rejouer naturellement. Mais le professeur Weinberg ne s'est pas arrêté là, et, utilisant le savoir-faire acquis lors du développement de ses musiciens robots, a ajouté une seconde baguette autonome à la prothèse.

 

...Et en gagner une troisième

Le musicien a dès lors le choix d'éloigner la baguette robot s'il veut tout avoir sous contrôle, ou de la laisser jouer avec lui, réagissant à son rythme. Quoi qu'il fasse, cette nouvelle prothèse lui a déjà rendu des capacités qu'il n'avait plus depuis son amputation. Et le professeur ne compte pas s'arrêter là. Il espère affiner le temps de réaction de la prothèse grâce à l'analyse des muscles de Jason (et à terme, à l'analyse de son activité cérébrale), afin de mieux synchroniser le jeu entre ses deux bras. De plus, la vitesse des baguettes peut être réglée sur la prothèse, lui permettant de jouer plus vite qu'il n'est humainement possible de le faire en temps normal.

Gil Weinberg pense que cette technologie de synchronisation entre humains et robots pourrait être utilisée à l'avenir pour permettre à des non-amputés d'être épaulés par un "troisième bras" mécanique lors d'opérations délicates, par exemple en chirurgie ou pour les astronautes.

 

Ci-dessous une démonstration vidéo de Jason Barnes jouant à l'aide de sa prothèse :


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